Cette nouvelle création Troisième Face se construit sur les musiques de la Motown. Que représente ce nom pour votre groupe de musiciens et musiciennes ?

Ce sont de grands noms de la musique afro-américaine. Nous n’avons pas tous la même connaissance de ce label, mais les noms de Steve Wonder, Marvin Gay, Diana Ross sont incontournables. La Motown a été créée dans les années à la fin des années 1950 et a pris un essor considérable dans les années 1960-1970 avec pour but de rendre populaire la musique des Noirs américains. Pour nous, le label a été une porte d’entrée pour construire notre répertoire. Nous avons observé que, dans les débuts, existait une sorte de « recette », de schéma type des chansons Motown due à une équipe fixe : des musiciens de session accompagnaient les artistes signés par le label avec la volonté de plaire à un public blanc. On parle d’une période assez courte et la Motown a évolué par la suite avec une musique plus ambitieuse, engagée, moins consensuelle, moins désireuse de séduire un public blanc. Nous avons également dégagé des thèmes, des sujets que nous avons explorés. Nous avons aussi choisi des morceaux des années 1970-1980, ceux que des sous-labels ont explorés de manière plus audacieuse. Notre création réunit donc des chansons que les amateurs et amatrices de soul et RnB connaissent bien et d’autres moins connues, avec la volonté  de montrer une grande diversité d’esthétiques musicales. Bien sûr, la production de la Motown a une telle ampleur que nous n’en avons pas fait le tour en un concert.

Tu évoques le groupe qui construit cette création. Comment travaillez-vous et quelle est ta place en tant que chanteuse ?

Nous nous sommes réuni·es plusieurs fois, uniquement pour parler, pour échanger, pour confronter nos recherches sur la Motown et nos connaissances des artistes du label. Puis nous avons mené des explorations plus approfondies en dégageant nos envies. A émergé une liste d’incontournables et une présélection. Nous avons beaucoup écouté, seul·es et ensemble. Dans le groupe il y a une chanteuse, moi et un chanteur Joris LeDantec. Ceci nous a permis de nous attacher à des duos emblématiques. Mais nous avons ajouté une présence permanente des chœurs, tous les instrumentistes chantent. Nous avons commencé par un travail de relevés, très sérieux, très minutieux, chacun chacune, en nous répartissant les missions. Puis les arrangements se sont faits collectivement, induits par les idées germées en répétition. 

Pour moi, le travail de la voix a été nouveau parce que je ne chante pas en anglais habituellement. Très intéressant. Je suis à la fois lead et choriste, c’est passionnant. Je ne chante pas comme les artistes de la Motown, je m’approprie leurs morceaux qui deviennent une création musicale personnelle.

Que représente le collectif Troisième Face pour toi ?

Un merveilleux laboratoire. Il nous permet de nous rencontrer parmi toustes les artistes du vivier musical toulousain. 

J’ajoute que c’est très amusant. J’ai déjà participé la création reggae et j’aime ce défi : on ne sait pas ce qui va se passer, la prise de risque musicale et humaine est évidente et j’aime beaucoup.

Troisième Face fait des propositions intéressantes : nous sommes issu·es pour la plupart des musiques improvisées et les créations Troisième Face nous sortent de nos zones confort. Nous oblige à l’audace. Ce qui convient parfaitement à un lieu comme le Taquin dont la programmation est audacieuse.