06 Mar ITW 🎤 3 questions à Issa Souriant
A l'approche de notre concert vendredi 7 mars, nous avons posé 3 questions à Issa, pianiste du collectif Troisième Face.
Création Nina Simone
Le 7 mars 2025 Ă Toulouse
La création Troisième Face en hommage à Nina Simone se joue pour une seconde fois, cette fois-ci à la MJC Soupetard à Toulouse. Tu n’as pas joué dans la première édition et tu rejoins le groupe. Tu es pianiste et Nina Simone elle-même était pianiste, d’où ma question : quelle est ta place et celle de ton instrument ?
Oui, Nina Simone Ă©tait mĂŞme pianiste avant d’être chanteuse. Pour prĂ©parer le concert, avant mĂŞme les rĂ©pĂ©titions, j’ai beaucoup Ă©coutĂ© pour m’imprĂ©gner de ce qui avait Ă©tĂ© fait par Hugo Brun, le claviĂ©riste ainsi que les enregistrements de Nina Simone. Il s’agit d’écouter son style de jeu, qui est exigeant, qui ne laisse rien au hasard. Puis, j’ajoute ma touche personnelle. Si la voix, le chant est très important dans ce concert, chacun chacune a des temps pour s’exprimer. En outre, dans cette musique, l’aspect rythmique tient une grande place et avec le piano, je peux ajouter une touche percussive Ă la rythmique basse – batterie. Le jeu du piano interagit entre tous les instruments, crĂ©e des couleurs dans des espaces, du liant. La prĂ©sence de Marie, guitariste, et de ses influences rock et musiques improvisĂ©es nous a aidé·es Ă chercher un son nouveau, notamment en transformant les sons plus traditionnels acoustiques Ă l’aide de pĂ©dales d’effets, tout en prĂ©servant l’âme rythmique et mĂ©lodique propre Ă la musique de Nina Simone.
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Nina Simone était une femme engagée. Comment avez-vous choisi les chansons ? Comment reflétez-vous ses engagements ?
Nous avons choisi les chansons dans un souci de cohĂ©rence musicale avec Ă©clectisme, en piochant dans tous ses styles. L’essentiel est pour nous est de respecter sa musique, comprendre dans quelles conditions elle a Ă©tĂ© faite et de se pencher sĂ©rieusement sur l’intention et la tradition Ă laquelle elle appartient pour ne surtout pas y appliquer une lecture orientalisante ou fĂ©tichisante.
De plus, le fait de s’approprier cette musique, de s’impliquer personnellement, est un moyen d’entrer en dialogue avec elle et de la faire vivre. Nous essayons de connaĂ®tre notre place, d’être honnĂŞtes et intimement impliquĂ©s pour ne pas nous contenter d’une interprĂ©tation dĂ©sincarnĂ©e. Je considère que la question antiraciste est un point central dans la manière dont on devrait aborder les musiques caribĂ©ennes et afro-amĂ©ricaines.
Notre apport est créatif et valorise les textes qui se suffisent à eux-mêmes. Notre travail est de les donner à entendre.
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Que signifie pour toi être membre de Troisième Face ?
C’est un collectif. Il permet d’établir un lien social entre les musicien·nes, de se rencontrer, de discuter. Il est facile de se trouver isolé dans sa bulle stylistique ou confronté à la concurrence. Troisième Face propose une alternative. C’est super de se rencontrer. L’inattendu est réjouissant. Quand ça marche, et dans ce groupe, dans cette création c’est le cas, quelle que soit l’origine des musicien·nes — jazz, rock, électro et autres— il devient facile de concilier nos influences. Ce ne serait pas possible sans le collectif.
Propos recueillis par Marie-Françoise GOVIN