Le projet autour de l’œuvre de Claude Nougaro a été créé en octobre 2019, à la demande de Cécile, « sa fille », sur la péniche-musée. Aujourd’hui la mairie de Toulouse contacte le Taquin et Troisième Face pour maintenir vivante la voix du plus célèbre chanteur-créateur toulousain.

Qu’est-ce qui attire les artistes de Troisième Face dans l’œuvre de Nougaro ?

Troisième Face est un collectif toulousain, nous ne pouvons pas passer à côté de cet artiste, immense et fécond. Sa fille Cécile nous a proposé de jouer sur la péniche-musée lors de l’ouverture du lieu et bien sûr nous avons répondu présents. D’ailleurs, personnellement, en tant que musicien de jazz, j’aime beaucoup ses chansons – il s’est beaucoup inspiré du jazz – et j’ai eu très envie de travailler sur son répertoire à partir d’un terreau si riche. 

 Quelles chansons as-tu choisies ?

J’ai écouté ses premiers albums, les trois premiers surtout, sans doute les plus « jazz » de l’ensemble de l’œuvre, par l’instrumentation, les arrangements. Il a apporté une originalité, une personnalité à des thèmes connus. Tout d’abord, je suis attiré par les musiques et bien sûr, les textes, les paroles sont intimement liées. Je suis fasciné par la richesse des sujets, légers comme dans La maîtresse, qui donne la parole à un chien ou dramatique, comme dans Une ville qui raconte les conséquences d’une explosion nucléaire. Nougaro a couvert un panorama de sujets incroyable. En outre, je suis très admiratif du travail rythmique et sonore dans l’écriture. Je dirais qu’il a montré une prosodie hors du commun. S’ajoutent une sincérité et une authenticité jamais démenties. Il a vécu son art jusqu’au bout. À mes yeux il est un artiste qui incarne son œuvre. Je suis aussi très frappé par la manière dont il fait sonner la langue française en jazz. Il est rare. Il a pris des standards des années 1950-1960 et en a fait des chansons chantables. Nous avons eu envie, dans cette création, de composer en miroir, de choisir des compositions de Claude pour en faire des morceaux de jazz. J’aime à penser qu’il aurait aimé cette démarche.

Le sextet est constitué d’artistes de Troisième Face : piano, basse, batterie, trompette, guitare. Pourquoi ce groupe ?

J’ai voulu une orchestration hard bop, avec trompette et saxophone typiques de cette époque et une rythmique complète. La guitare apporte une touche proche de la musique brésilienne, très présente dans l’œuvre de Nougaro. Avec l’idée d’une esthétique proche du quintet des Jazz Messengers  du batteur Art Blakey. J’ai effectué un travail minutieux de réécriture et d’arrangement pour transformer les chansons et les restructurer dans les codes de la  musique instrumentale jazz. Par exemple, Marie-Christine est une valse en trois temps que j’ai transformée en 4/4 pour qu’elle sonne hard bop. Ce travail m’a passionné et je le partage avec un grand plaisir avec mes amis du sextet. Cette création a beaucoup de sens pour moi.