Le concert du 28 février à L’Impro est une création Troisième Face autour de la musique de Dexter Gordon. Pourquoi as-tu choisi ce musicien ?

J’ai beaucoup écouté Dexter Gordon et j’ai envie de partager la musique de ce musicien très important. Je me suis centré sur un album, Go, qui est sorti en 1962, essentiellement constitué de standards. Un album assez court de six morceaux. On y reconnaît le « style Dexter Gordon », même s’il a été influencé par le bop et le hard bop, à l’assise rythmique sans faille – la contrebasse et la batterie filent tout droit c’est la locomotive— et Dexter est assis dans les wagons et développe un son qui le caractérise, large et puissant. Il déroule des phrases qui chantent, parfois des balades, pas trop rapides, tranquilles. Je vais revenir sur le son de Dexter Gordon, large, riche et puissant. Dès la première note, on sait que c’est lui et ce n’est pas très commun. Dans cet album Go, il reprend des standards, des chansons issues de comédies musicales, des morceaux qui ont chacun leur histoire. J’y suis très sensible. 

Peux-tu me parler de ton instrument ? de ta carrière ?

Mon instrument est un saxophone de 1937, un SBA (Super Balanced Action). Ces dix dernières années, j’ai joué beaucoup à Paris du jazz moderne, électro, pop électro, fusion. Comme j’avais laissé de côté les esthétiques des standards, je suis vraiment content de les retrouver à l’occasion de cette création Troisième Face.

Que signifient pour toi le collectif Troisième Face et jouer à L’Impro ? 

J’adore ce lieu, Tanguy [Lejeune, patron du bar] est très facilitateur. Un grand plaisir de jouer dans un endroit comme ça. Quant à Troisième Face, je connais le collectif depuis des années. J’ai constitué une team avec des musiciens qui d’habitude ne jouent pas ensemble. J’ai sollicité Guillaume Prévost [batterie] qui est un vieil ami de quand j’étais à la fac et Nicolas Oustiakine [contrebasse] avec qui j’ai eu régulièrement l’occasion de jamer, essentiellement aux jams manouches. Je suis ravi de rencontrer Sylvain Rey [piano] que je connais via les réseaux. Nous allons jouer les standards de Dexter Gordon dans ses traces.

Propos recueillis par Marie-Françoise GOVIN