Tu es une musicienne, chanteuse, guitariste, percussionniste venue de Cuba. Quel est ton parcours musical à Cuba? Quelles sont tes rencontres musicales ici à Toulouse? Quelles sont tes influences musicales, cubaines ou non? Comment composes-tu? Quels sont les sujets de tes chansons?

Je suis chanteuse, musicienne, multi-instrumentiste, compositrice et arrangeuse cubaine. Mon parcours musical a commencé dès l’âge de dix ans. J’ai d’abord étudié le chant et la direction chorale. Pour poursuivre mes études, j’ai choisi d’apprendre deux instruments : le hautbois et le cor anglais. Avec ces instruments, j’ai eu l’opportunité de jouer dans deux orchestres symphoniques. Puis j’ai terminé mes études universitaires à La Havane.

Mon aventure musicale en France a débuté à Toulouse, où mes premières rencontres ont été marquées par le bassiste réunionnais Julian Babou.

Mes influences musicales sont riches et variées. Je n’aime pas enfermer la musique dans des catégories, mais il est évident que ma première source d’inspiration reste la musique cubaine. Elle se manifeste dans la nueva trova, les rythmes traditionnels comme la guajira, le son, la rumba, et surtout dans la musique afro-cubaine Yoruba. Ces racines se mêlent à mon bagage classique, car ma formation a été entièrement académique.

Au fil du temps, d’autres styles ont enrichi mon univers musical, comme la musique brésilienne, dont l’influence transparaît dans mes mélodies et mes harmonies.

À l’université, j’ai été fascinée par les grands noms du jazz, tels que Charlie Parker, Nina Simone, Miles Davis, John Coltrane, Louis Armstrong, Duke Ellington, Ella Fitzgerald et Thelonious Monk, pour n’en citer que quelques-uns. Mais c’est en France que j’ai commencé à fusionner ma musique avec des improvisations et des sonorités plus jazz.

Mes compositions abordent des thèmes universels et profonds : l’amour, les réalités parfois amères de la vie, la migration, la guerre, la paix, notre lien avec la nature, et la femme en tant que figure de courage, de liberté et de force. Ces sujets sont traversés par mes émotions et donnent vie à une musique sincère et personnelle.

Le processus de composition, pour moi, est très intuitif. Mes morceaux peuvent naître d’une simple mélodie ou d’une harmonie qui l’accompagne déjà. Je n’ai pas de méthode stricte : je préfère laisser l’inspiration me guider, accueillir les idées telles qu’elles viennent et leur donner forme au fil du temps.

Actuellement je prépare un quatrième album intitulé Cuerpo en compagnie de Thibaud Dufoy, André Da Silva, Louis Navarro et Jordi Léogé.

Tu joues aussi bien dans de très grandes formations, comme La Revuelta qu’en solo ou en duo comme pour ce concert à L’Impro. Quel répertoire allez-vous privilégier pour ce concert ?

J’ai l’honneur d’intégrer plusieurs groupes, répartis entre Toulouse, le Pays basque et Cuba, chacun reflétant une facette différente de mon univers musical. Parmi eux, La Revuelta, où j’exprime pleinement ma cubanité à travers la salsa, la danse et une énergie vibrante.

Je fais également partie d’un quartet féminin dirigé par l’artiste basque Inés Osinaga, un projet porté par des voix puissantes et une sensibilité unique. À Cuba, je collabore avec La Trovuntivitis, un collectif emblématique de trovadores basé à Santa Clara, ma ville natale située au cœur de l’île. Ces expériences enrichissantes nourrissent mon identité artistique et témoignent de la diversité de mes inspirations.

Le 13 décembre, à L’Impro, Louis et moi aurons le plaisir d’interpréter quelques-unes de mes compositions ainsi que des chansons d’Amérique latine qui nous tiennent particulièrement à cœur. Ces morceaux, nous aimons non seulement les jouer, mais aussi les façonner et nous les approprier musicalement, leur insufflant une touche personnelle.

Tu es une artiste du collectif Troisième Face. Que signifie pour toi ce collectif? Quel impact a-t-il sur ta vie de musicienne?

J’ai le plaisir de faire partie du collectif Troisième Face, une initiative qui me tient particulièrement à cœur. Bien que mon emploi du temps ne m’ait pas permis de m’y investir autant que je le souhaiterais, j’aspire à proposer diverses idées et projets artistiques dans ce cadre.

Créer un collectif au milieu des défis que les musiciens affrontent aujourd’hui est une démarche admirable. Cela offre un espace précieux pour rassembler des artistes souvent dispersés et pour fédérer nos efforts. Ensemble, nous pouvons aller plus loin dans nos initiatives et porter nos ambitions communes à un autre niveau.

Ce collectif favorise de magnifiques rencontres entre musiciens locaux, une dynamique que je trouve essentielle et profondément inspirante. Je remercie chaleureusement Troisième Face d’avoir pensé à moi et de m’accueillir parmi ses membres. C’est un honneur et une belle opportunité de contribuer à cette aventure collective.